Comme chaque année, les lois de finances viennent impacter, modifier, amender, réformer certains dispositifs fiscaux et/ou sociaux spécifiques à l’outre-mer : à quoi faut-il vous attendre en 2023 ?
Les nouveautés fiscales
L’octroi de mer est une imposition spécifique à l’Outre-mer qui s’applique en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, à Mayotte et à La Réunion.
À ce titre, les biens qui proviennent d’un Etat membre de l’Union européenne sont importés en franchise de TVA et d’octroi de mer, dès lors que leur valeur totale ne dépasse pas :
- 1 000 €, pour les biens transportés par les voyageurs ;
- 400 € (au lieu de 205 €), pour les biens faisant l’objet de petits envois non-commerciaux, à compter du 1er avril 2023.
En principe, tout propriétaire d’un immeuble bâti est redevable de la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB).
Comme souvent en matière fiscale, ce principe souffre de nombreuses exceptions, qui peuvent prendre la forme d’exonérations, de dégrèvements ou d’allègements de taxe.
Ainsi, parmi ces dispositifs, il est possible de citer :
- l’exonération de taxe foncière qui profite aux redevables âgés de plus de 75 ans au 1er janvier de l’année d’imposition et qui porte sur l’immeuble habité par eux, lorsque le montant des revenus de l’année précédente n’excède pas certaines limites ;
- le dégrèvement de 100 € qui profite aux redevables âgés de plus de 65 ans au 1er janvier de l’année d’imposition (autres que ceux visés plus haut), appliqué sur la taxe due au titre de l’immeuble habité par eux, lorsque le montant des revenus de l’année précédente n’excède pas certaines limites ;
- pour les contribuables dont les revenus n’excèdent pas certains plafonds, le dégrèvement égal à la fraction de la cotisation supérieure à 50 % du montant total de leurs revenus.
En outre-mer, pour la taxe établie au titre de 2022, le montant du revenu fiscal de référence dont il faut tenir compte pour déterminer l’éligibilité au bénéfice de l’exonération totale de taxe foncière ou du dégrèvement de 100 € est le suivant :
- pour la Martinique, la Guadeloupe et La Réunion :
- ○ 13 343 € pour la 1re part,
- ○ majorés de 3 187 € pour la 1re demi-part,
- ○ et de 3 011 € pour chaque demi-part supplémentaire à compter de la 2e ;
- ○ 13 950 € pour la 1re part,
- ○ majorés de 3 840 € pour la 1re demi-part,
- ○ et de 3 011 € pour chaque demi-part supplémentaire à compter de la 2e ;
- ○ 20 907 € pour la 1re part,
- ○ majorés de 5 752 € pour la 1re demi-part,
- ○ et de 4 510 € pour chaque demi-part supplémentaire.
Quant au montant du revenu fiscal de référence dont il faut tenir compte pour déterminer le bénéfice du dégrèvement partiel, il est fixé :
- pour la Martinique, la Guadeloupe et La Réunion :
- ○ à 32 044 € pour la 1re part,
- ○ majorés de 6 797 € pour la 1re demi-part,
- ○ de 6 481 € pour la 2e demi-part,
- ○ et de 4 877 € pour chaque demi-part supplémentaire à compter de la 3e ;
- ○ à 35 117 € pour la 1re part,
- ○ majorés de 6 797 € pour chacune des 2 premières demi-parts,
- ○ de 5 787 € pour la 3e demi-part,
- ○ et de 4 877 € pour chaque demi-part supplémentaire à compter de la 4e ;
- ○ à 38 591 € pour la 1re part,
- ○ majorés de 7 471 € pour chacune des 2 premières demi-parts,
- ○ de 6 361 € pour la 3e demi-part,
- ○ et de 5 358 € pour chaque demi-part supplémentaire à compter de la 4e.
À compter de l’imposition établie au titre de 2024, les seuils applicables à Mayotte seront alignés sur ceux applicables en Guyane.
Un certain nombre de dispositifs fiscaux de faveur propres à l’outre-mer et connus sous l’appellation générique de « dispositifs Girardin » sont prolongés jusqu’au 31 décembre 2029.
Sont concernés :
- la réduction d’impôt sur le revenu ouverte aux particuliers qui font réaliser, sous conditions, des travaux de réhabilitation ou de confortation de logements contre le risque sismique ou cyclonique ; initialement, cet avantage fiscal devait prendre fin au 31 décembre 2023 ;
- la réduction d’impôt sur le revenu à raison des investissements productifs neufs réalisés dans les départements d’outre-mer, à Saint-Pierre-et-Miquelon, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française, à Saint-Martin, à Saint-Barthélemy, dans les îles Wallis-et-Futuna et les Terres australes et antarctiques françaises, dans le cadre d’une entreprise exerçant une activité agricole ou une activité industrielle, commerciale ou artisanale ; initialement, cet avantage fiscal devait s’appliquer aux investissements mis en service jusqu’au 31 décembre 2025, aux travaux de réhabilitation hôtelière achevés au plus tard à cette date, aux acquisitions d’immeubles à construire et aux constructions d’immeubles dont les fondations devaient être achevées au plus tard à cette date ;
- la réduction d’impôt sur le revenu à raison de l’achat ou de la construction de logements neufs à Saint-Pierre-et-Miquelon, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française, à Saint-Martin, à Saint-Barthélemy et dans les Iles Wallis et Futuna ; initialement, cet avantage fiscal devait prendre fin au 31 décembre 2025 ;
- la déduction fiscale pour investissements productifs : cet avantage fiscal devait initialement s’appliquer aux investissements neufs mis en service jusqu’au 31 décembre 2025, aux travaux de rénovation et de réhabilitation d’hôtels, de résidences de tourisme et de villages de vacances classés achevés au plus tard à cette date, aux acquisitions d’immeubles à construire et aux constructions d’immeubles dont les fondations devaient être achevées au plus tard à cette date et aux souscriptions versées jusqu’au 31 décembre 2025 ;
- le crédit d’impôt pour investissements productifs : initialement, cet avantage fiscal devait s’appliquer aux investissements mis en service jusqu’au 31 décembre 2025, aux travaux de réhabilitation hôtelière achevés au plus tard à cette date et aux acquisitions d’immeubles à construire et constructions d’immeubles dont les fondations devaient être achevées au plus tard à cette date ;
- le crédit d’impôt en faveur des organismes d’habitations à loyer modéré qui réalisent des investissements dans les logements neufs en outre-mer : initialement, cet avantage fiscal devait s’appliquer aux acquisitions, constructions ou réhabilitations d’immeubles effectuées jusqu’au 31 décembre 2025 ;
- la réduction d’impôt qui profite aux entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés qui réalisent des investissements productifs neufs à Saint-Pierre-et-Miquelon, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française, à Saint-Martin, à Saint-Barthélemy, dans les îles Wallis et Futuna et les Terres australes et antarctiques françaises : initialement, cet avantage fiscal devait prendre fin le 31 décembre 2025.
- Réduction d’impôt pour investissements productifs neufs réalisés dans le cadre d’une entreprise exerçant une activité agricole, industrielle, commerciale ou artisanale
Les contribuables domiciliés en France peuvent, sous conditions, bénéficier d’une réduction d’impôt sur le revenu pour les investissements productifs neufs qu’ils réalisent dans les départements d’outre-mer, à Saint-Pierre-et-Miquelon, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française, à Saint-Martin, à Saint-Barthélemy, dans les îles Wallis-et-Futuna et les Terres australes et antarctiques françaises, dans le cadre d’une entreprise exerçant une activité agricole, industrielle, commerciale ou artisanale, sauf exception.
Cet avantage fiscal fait l’objet de nombreux aménagements concernant :
- son montant ;
- le droit de reprise de l’administration fiscale ;
- le délai de conservation des titres de certaines sociétés et groupements ;
- les navires de croisière.
La nouveauté la plus importante concerne les navires de pêche.
Cette réduction d’impôt s’applique désormais aux investissements portant sur l’achat ou la construction de navires de pêche, sous réserve qu’ils respectent l’une des conditions suivantes :
- les navires sont exploités à La Réunion et leur longueur hors tout est comprise entre 12 et 40 mètres ;
- les navires sont exploités en Polynésie française, à Saint-Barthélemy, à Saint-Pierre-et-Miquelon, dans les Îles Wallis et Futuna, en Nouvelle-Calédonie ou dans les Terres australes et antarctiques françaises.
Les nouveautés sociales
- Prime de partage de la valeur
Pour les salariés qui, au cours des 12 derniers mois précédant son versement, ont perçu une rémunération inférieure à 3 fois le Smic correspondant à la durée de travail prévue au contrat, la prime de partage de la valeur est, dans la limite de certains montants, exonérée :
- d’impôt sur le revenu ;
- de CSG ;
- de CRDS.
Notez que le cas échéant, cette prime peut aussi être exonérée (selon les mêmes conditions) de la contribution relative au financement du régime d’assurance maladie, maternité, invalidité, décès et autonomie de Mayotte.
- Mesures relatives au pouvoir d’achat
Pour rappel la loi dite « pouvoir d’achat » a prévu des déductions forfaitaires de cotisations patronales sur les heures supplémentaires pour les entreprises d’au moins 20 et de moins de 250 salariés.
Pour les cotisations dues au titre des périodes courant à compter du 1er octobre 2022, ces déductions s’imputent sur les sommes dues par les employeurs pour chaque salarié concerné, au titre de l’ensemble de la rémunération versée concernant les heures supplémentaires, et non plus sur la seule majoration de salaire.
Ces déductions s’appliquent également au rachat de RTT intervenant dans le cadre du dispositif de monétisation des RTT mis en place récemment.
- Régime de sécurité sociale à Mayotte
Pour rappel, à Mayotte, des règles spécifiques s’appliquent concernant le régime de Sécurité sociale.
Télésurveillance médicale
L’assurance maladie, maternité, invalidité, décès et autonomie comporte plusieurs couvertures telles que :
- la couverture des frais de médecine générale et spéciale, des frais de soins et de prothèses dentaires, des frais pharmaceutiques et d’appareils, des frais d’analyses et examens de laboratoire, ainsi que des médicaments, produits et objets contraceptifs et des frais d’analyses et examens de laboratoire ordonnés en vue de prescriptions contraceptives ;
- la couverture des frais afférents aux vaccinations ;
- etc.
À cette liste s’ajoute désormais la couverture des frais relatifs aux activités de télésurveillance médicale.
Dépassement d’honoraires
A compter du 1er janvier 2024, seront applicables à Mayotte, sous réserve d’adaptations, les dispositions relatives à l’interdiction de dépassement d’honoraires des médecins conventionnés pour les actes dispensés aux bénéficiaires du droit à la protection complémentaire.
Ticket modérateur
Les dispositions permettant aux assurés dont les ressources n’excèdent pas 50 % du montant d’un certain plafond, applicable en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, à la Réunion, à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin, de bénéficier d’une prise en charge intégrale de la participation sont supprimées.
Plus simplement, c’est le dispositif de prise en charge du ticket modérateur qui est ainsi supprimé.
Assurance maladie complémentaire
La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023 prévoit d’appliquer l’ensemble des dispositions relatives à la complémentaire en matière de santé à Mayotte, sous réserve de certaines adaptations.
Source :
- Loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023 du 23 décembre 2022, n°2022-1616
- Loi de finances pour 2023 du 30 décembre 2022, n°2022-1726
2023 : focus sur les nouveautés propres à l’outre-mer © Copyright WebLex – 2023